Quelques mois avant la première Ă©dition du festival en 2002, je rencontrai Maria‐Carmela Mini et
nous partagions la même analyse : il nous semblait urgent de créer, à partir de Lille, un nouvel outil
permettant de favoriser la rencontre entre les publics et les artistes contemporains. Nous Ă©tions
persuadĂ©s que les attentes et besoins des uns et des autres coĂŻncidaient et qu’il y avait urgence Ă
travailler Ă leur service.
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En 2002, démarrait le festival dont la ligne artistique incarnait la volonté de présenter des oeuvres
qui questionnent notre Ă©poque ou s’en font le reflet. Maria‐Carmela s’employait Ă repĂ©rer une
programmation ambitieuse mêlant artistes émergeants et artistes confirmés qui travaillent sur des
formes pluridisciplinaires et performatives. Il n’est pas possible de citer ici tous les artistes qui se sont
succédés sur les scènes des Latitudes. Gilles Jobin, La Ribot (qui revient cette année), Benoît Lachambre,
Christian Rizzo, Raimund Hoghe, Maguy Marin y ont côtoyé d’autres artistes moins connus lors de leur
premier passage au festival et qui, par la suite, ont eu également d’importants parcours comme Steven
Cohen, Ivo Dimchev, François Chaignaud et Cecilia Bengolea, ou encore Daniel Linehan (qui va bientôt
commencer sa résidence à l’Opéra de Lille). A relire les programmes de ces dix dernières années, chacun
pourra mesurer comment s’est joué la tentative de respecter une ligne forte et cohérente tout en
s’efforçant d’offrir aux publics des univers diversifiés, innovants et singuliers.
Le projet des Latitudes s’est étoffé au fil des années car nous étions bien conscients que nous ne
pouvions nous contenter d’une simple activité de diffusion. En 2006, a émergé Latitudes Prod., premier
bureau de production à fonds publics. L’idée était d’aider les artistes, confrontés à une complexification
croissante des conditions de production, en mutualisant l’ensemble des compétences qu’il convenait de
mettre Ă leur service. Plusieurs compagnies ont ainsi rejoint Latitudes Prod. : Benoit Lachambre, David
Flahaut, Rémy Héritier, Emmanuel Eggermont, Claudia Triozzi, Louise Lecavalier. Aujourd’hui, le bureau
intervient pour Steven Cohen (présent depuis la création de Latitudes Prod.), Latifa Laâbissi et Alain
Buffard.
Avec la complicité et le soutien de nombreux partenaires*(1) qui chaque année accueillent le
festival, Latitudes Contemporaines s’est étendu au fil des années sur le territoire de la métropole lilloise,
mais aussi de la région*(2) et se décline en une deuxième édition aux Halles de Schaerbeek à Bruxelles
depuis 2008. Le temps festivalier privilégie le croisement et les discussions entre le public et les artistes.
L’entreprise n’aurait été complète si nous n’avions pas pu initier, à l’occasion du festival, des
temps de réflexion pour le public professionnel d’abord et progressivement pour tous. Les thèmes des
Rencontres proposĂ©es depuis 2007, dĂ©sormais installĂ©es Ă Saint‐Sauveur, mobilisent un auditoire
nombreux et diversifié. Plus de 400 professionnels s’étaient déplacés de France et d’Europe en 2009.
Latitudes contemporaines est engagé désormais dans une dynamique internationale à travers les
multiples projets européens menés avec des structures associées dont la participation confirme la
reconnaissance des Latitudes comme partenaire compétent dans ses expertises.
Du petit festival émergeant de 2002 reste l’esprit que nous veillons à cultiver et auquel nous
revenons puiser sans cesse. Aujourd’hui, 10 ans plus tard, les Latitudes Contemporaines sont devenues
une structure globale de production, diffusion, médiation et de recherches. Cette dernière dimension
nous importe au plus haut point et nous maintient constamment en mouvement. Nous ne cherchons pas
à perdurer en l’état mais à innover en épousant au mieux l’évolution jamais arrêtée de l’invention
contemporaine. L’aventure continue !
François Frimat, Président des Latitudes Contemporaines
[2012-03-29] Source : Festival Des Latitudes Contemporaines Michaël]